Pascal Ughetto

Biographie

Après une thèse en économie (université Paris-Dauphine), Pascal Ughetto s’est rapidement orienté vers des problématiques sociologiques en s’intéressant à chaque fois au mouvement de transformation de l’activité de travail sur moyenne période. A l’Institut de recherches économiques et sociales entre 2000 et 2005, il a contribué à la mise en place d’un programme d’études sur le travail, avant de rejoindre l’université Gustave Eiffel et le LATTS comme maître de conférences puis professeur de sociologie. HDR en 2012 (Les Cycles du travail et de sa sociologie).

Ses recherches portent sur les transformations contemporaines de l’activité de travail : montée de la dimension de service, de la référence au client; compétence dans le travail; conditions de l’activité et organisation du travail; outils de gestion et exercice du travail. Il s’intéresse à la façon dont l’organisation et le management sollicitent l’activité de travail en lui assignant des exigences et s’interroge sur l’accompagnement de ces exigences par l’organisation. Dans cette perspective, il pose la question du pouvoir laissé aux cadres de terrain pour organiser l’activité de travail.

Il a mené des enquêtes dans divers secteurs, entreprises et administrations : grande distribution, hôpital, habitat social, musées, ministère des Finances, juridictions de proximité, La Poste, logistique, travaux publics, automobile.

Recherches en cours : Charge de travail des ingénieurs et techniciens de conception et droit à la déconnexion dans le secteur automobile.

Il est co-responsable du master Conduite du changement et sociologie des ressources humaines (MACOR) macor-eiffel.fr

Il est président du conseil scientifique d’Entreprise et Personnel, vice-président de l’Observatoire des cadres et membre de son conseil scientifique ainsi que de celui de l’ANACT.

Derniers ouvrages : Organiser l’autonomie au travail. Travail collaboratif, entreprise libérée, mode agile : l’activité à l’ère de l’auto-organisation, FYP, 2018 et Les nouvelles sociologies du travail : introduction à la sociologie de l’activité, De Boeck, 2018.

 

Domaines de recherche

 

Grands champs de publication

  • Conditions de travail, risques psychosociaux
  • Compétence, gestion des compétences, évaluation
  • Le travail et la professionnalisation dans les associations
  • Qualité de service et travail dans les organismes de l’habitat social
  • Le travail dans la grande distribution
  • L’embauche
  • Activités de service, relation de service
  • Travail des cadres

Parmi les publications récentes

Beaucoup de ces publications sont consultables sur HAL (https://halshs.archives-ouvertes.fr/, recherchez en indiquant mon IdHal : pascal-ughetto) ou sur ResearchGate.

  • Ughetto (2018), Les nouvelles sociologies du travail : introduction à la sociologie de l’activité, De Boeck.
  • Ughetto P. (2018), Organiser l’autonomie au travail : travail collaboratif, entreprise libérée, mode agile… L’activité à l’ère de l’auto-organisation, FYP.
  • Ughetto P. (2017), « Line managers as work professionals in the era of workplace health professionalization », in Beyond Safety Training: Embedding Safety in Professional Skills, C. Bieder et al., eds.
  • Ughetto P. (2017), « Scholars and poor communicators ? Old masters exhibitions as a scientific practice and communication activity for art museum curators », Current Sociology (Vol. 65, Issue 3, 2017).
  • Ughetto P. (2016), « La sociologie sans les sociologues. Assurer la présence du regard sociologique dans les organisations », Sociologies pratiques, HS, n° 2, 2016, p. 137-145.
  • Greenan N., Hamon-Cholet S. et Ughetto P. (coord.) (2016), Salariés du public, salariés du privé face aux changements, Paris, L’Harmattan.
  • Ughetto P. (2015) « Des transformations de la matérialité du travail aux expérimentations d’espaces de discussion ou de dialogue », Revue des conditions de travail, n° 2, juill. 2015, p. 106-113.
  • Ughetto P. (2015), « L’espace politique des espaces de discussion sur le travail », Document de travail du LATTS, n° 14-03, nov., 13 p.
  • Ughetto P. (2014), « Les organisations et leur récit des temps d’hier : de la stratégie au travail », Revue d’anthropologie des connaissances, vol. 8, n° 1, 2014/1, p. 71-95.
  • Ughetto P. (2013), « Utiliser une base de données en organisation : la recherche de l’instrument », Réseaux, n° 178-179, 2013/2-3, p. 197-222.
  • Ughetto P. (2013), « L’enjeu paradigmatique de la relation de service au sein de la sociologie du travail », La Nouvelle Revue du travail, n° 2, 2013 [mis en ligne le 30 mars 2013].
  • Ughetto P. (2012), « Le lean : pensée et impensé d’une activité sans relâchement », Activités, vol. 9, n° 2, oct., p. 148-167.
  • Ughetto P. (2012), « Management », in A. Bévort, A. Jobert, M. Lallement & A. Mias (dir.), Dictionnaire du travail, Paris, PUF, p. 439-444.
  • Ughetto P. (2011), « Les organismes HLM en lutte contre les dépôts intempestifs d’encombrants et les locataires qui dégradent. Une qualité de service impossible ? », Gérer et comprendre, n° 105, p. 50-58.
  • Ughetto P. (2011), « L’organisation, une réorganisation permanente », Esprit, n° 378, p. 115-122.

Activités d'enseignement

Responsable du master 2 Conduite du changement et sociologie des ressources humaines (MACOR) université Gustave Eiffel http://macor-eiffel.fr
Principaux cours magistraux à l’université Gustave Eiffel

  • Sociologie des organisations (M1)
  • Organisation et enjeux de ressources humaines (M2)
  • Analyse du travail (M2)
  • Sociologie des ressources humaines (L3)
  • Introduction à la sociologie (L1 Economie Gestion)

Cours à l’Ecole des Ponts Paris-Tech

  • Sociologie des organisations et de l’entreprise

Recherches récentes

Connexion et charge de travail (avec N. Greenan, J.-C. Sardas et N. Klein : recherche pour le compte de la DRH d’un groupe de construction automobile, 2019 – 2020)

Les effets de la connexion permanente qu’autorisent les technologies de l’information et de la communication font de plus en plus débat. Avantages et inconvénients de ces technologies sont à ce point entremêlés qu’il serait illusoire de prétendre apporter des réponses définitives. Les fonctionnalités et l’utilité que présentent les technologies actuelles sont telles qu’elles sont, d’un côté, constamment mobilisées dans les activités professionnelles (qu’elles ont transformées et même créées pour certaines) et dans la vie personnelle tout en étant, de l’autre, ressenties comme invasives et comme alourdissant la charge de travail ou créant un sentiment de dispersion, de difficulté à se concentrer sur des tâches exigeant temps et continuité. La régulation des usages et des conditions d’utilisation de ces moyens techniques en entreprise est un enjeu de plus en plus reconnu, comme en atteste le rapport Mettling, une illustration et un jalon important d’appréhension de ce phénomène. Le thème de la connexion et de la déconnexion, dans son rapport avec l’activité de travail, appelle une capacité des acteurs concernés – en particulier des directions d’entreprises, et notamment, des directions de ressources humaines autant que des organisations syndicales – à apprécier les réalités du problème et à réfléchir aux pistes et leviers d’action.

Beaucoup de réflexions et d’expérimentations ont consisté, dans la période récente, à réguler l’accès aux outils numériques (heures de déconnexion obligatoires), à modérer les usages excessifs, à promouvoir des règles de bonne conduite (éviter les envois de messages en dehors des heures ouvrables). Les salariés (de la base au sommet de l’entreprise) ne sont toutefois pas en reste de stratégies de contournement, au premier rang desquelles l’utilisation de canaux privés (messagerie personnelle, appel sur téléphone portable…). Aussi ne faut-il pas voir la connexion et la non-déconnexion comme purement et simplement générées par les outils numériques mais comme devant aussi beaucoup aux pratiques individuelles : certains se contraignent à « couper », pour se préserver, d’autres ne parviennent pas à le faire ; certains, en position hiérarchique, répercutent sans limites les messages sur leurs collaborateurs, d’autres sélectionnent. Et il importe de réinterpréter ces pratiques individuelles dans leur inscription dans (voire leur détermination par) le fonctionnement des collectifs : quelle place chacun a-t-il dans les collectifs de travail et de métier auxquels il appartient, et quelles libertés cela lui laisse-t-il dans la régulation de ses accès aux réseaux de communication ?

Il faut également avoir à l’esprit que le numérique exprime ses propriétés dans un contexte d’évolution du travail, depuis plusieurs décennies, où la régulation des exigences de l’activité, de l’intensité du travail, de la charge de travail, a elle-même été diagnostiquée comme un enjeu. Le numérique ne fait, à certains égards, qu’exacerber un problème plus large : comment, dans le travail d’aujourd’hui, l’individu trouve-t-il les ressources pour hiérarchiser les priorités, organiser les flux d’information, garder le contrôle de l’organisation de ses plages de travail dès lors que, beaucoup plus qu’autrefois, les collaborations et les projets font travailler dans l’interdépendance avec d’autres collègues, d’autres services, voire d’autres pays, que les contraintes de délais s’imposent de façon plus impérative, que les contraintes sur les ressources font également l’objet d’une gestion plus sévère ? Ce qui pose en particulier la question du lien de détermination réciproque entre (sur)charge de travail et (sur)charge informationnelle.

La recherche est effectuée auprès des activités d’ingénierie du groupe Renault. Elle comporte un volet quantitatif et un volet qualitatif. Le LATTS est impliqué dans ce dernier volet à travers la réalisation d’entretiens avec des ingénieurs et techniciens.

La sécurité en chantier : des actions de prévention à leur mise en oeuvre dans une entreprise de travaux publics (Avec Philippe Askenazy et Frédéric Garcias ; Rapport pour un groupe de travaux publics, direction de la Prévention)

La recherche visait à comprendre les mécanismes par lesquels des politiques d’entreprise en matière de sécurité et santé au travail produisent leurs effets en termes de sinistralité comme de performances économiques, mais également butent sur des limites qui peuvent, à ce jour, rester relativement énigmatiques pour les acteurs. Elle a été le fait d’une équipe pluridisciplinaire (économie, ergonomie, gestion et sociologie) et a consisté à combiner une approche qualitative et des analyses quantitatives. La politique de prévention du groupe s’est dotée de nombreux outils, qui traduisent la volonté d’organiser la sécurité : informer et sensibiliser aux risques, les répertorier pour mieux les éviter, lutter contre les prises de risques. Cela comprend une base de données de presqu’accidents et divers dispositifs de sensibilisation et d’incitation. Un réseau de professionnels qualité, prévention, environnement (QPE) constitue une composante à part entière de cette politique. La politique de prévention du groupe mise explicitement sur la conviction de la ligne managériale à ses différents niveaux, considérant que, sans une conviction intime de l’enjeu de la prévention de la part des managers, une politique de groupe serait dépourvue de réels leviers.

La recherche a fait apparaître plusieurs constats et résultats. Autant qu’un effet des individus, et en particulier de la capacité des chefs d’agence à prendre à leur compte cette politique et à y montrer leur attachement, le déploiement effectif des outils est un effet des cadres de raisonnement économique. Même avec un encadrement très convaincu, les considérations économiques peuvent reprendre le dessus : cela peut s’observer en cas d’urgence sur un chantier ou pour obtenir un contrat tout en sachant que le commanditaire n’est pas sensible à la prévention. Dans l’entreprise comme dans d’autres de ce secteur, les indicateurs, le pilotage gestionnaire des agences et du groupe, placent de fait la prévention en juxtaposition de l’économique. Tout en étant informés et sensibilisés aux outils de la politique de prévention, les ouvriers ont à cœur de faire état de situations où cette politique semble céder devant des impératifs plus forts, comme la rapidité d’achèvement d’un chantier, le rattrapage de retards accumulés, etc. Décisive, la programmation de chantier intègre la prévention d’abord en termes administratifs. La programmation, d’abord construite à partir de l’étude et des coûts facturés, porte le souci d’accorder la réalisation avec le respect de l’enveloppe économique. Elle laisse largement au chantier et à sa gestion la régulation face aux conditions concrètes. Or, les réalités de chantier sont marquées par caractère normal de l’aléa, la récurrence des temps morts et des urgences. Pour la hiérarchie de chantier, directement impliquée dans les situations concrètes où doit se régler la tension entre l’économique et la prévention, il n’y a rien de simple à incarner et porter les dispositifs de prévention de façon crédible. Les QPE ont également un chemin compliqué à trouver pour se positionner dans l’articulation entre une politique dont les règles sont formulées dans l’abstrait et les situations concrètes, qui mettent au défi la compatibilité entre l’économique et la prévention.

Automatisation et robotisation : quels effets sur le travail et les compétences dans la logistique? (Rapport pour l’AFTRAL, janvier 2018)

Automatisation et robotisation dans la logistique souffrent actuellement d’une faible investigation de leurs implications pour le travail. Dans l’économie en général, en Europe et aux Etats-Unis, l’essor de l’intelligence artificielle et les applications qui peuvent en être tirées pour la mise en œuvre automatique de tâches qui semblaient jusqu’alors irréductiblement ne pas pouvoir se passer de l’intervention humaine, suscitent beaucoup d’inquiétude. Pour un secteur comme la logistique, le risque de faire parler de soi comme concourant à la disparition massive d’emplois participe à faible ouverture aux démarches d’analyse. Mais c’est en termes d’évolution du travail que l’enquête serait tout autant nécessaire. Automated guided vehicles, dispositifs goods-to-man, tunnels de lecture de puces RFID, etc. : des solutions technologiques permettent aux plates-formes logistiques de supprimer du travail humain de manutention, de préparation de commandes ou de contrôle qualité. D’autres dispositifs se proposent d’instrumenter le travail existant sans le supprimer. Mais quels effets sur le contenu du travail restant, la variété des activités, les cadences de travail, les communications, l’espace de prise d’initiative, etc. ? Quels déplacements des exigences et du contenu des postes ? En matière de travail, on sait peu de choses et l’on en est réduit aux arguments des fabricants, qui renvoient la question à une diminution des pénibilités synonyme de maintien ou augmentation du rendement. Il conviendrait de dépasser une réflexion aujourd’hui limitée aux arguments de vente des concepteurs de technologies : réduction des TMS, des ports de charges lourdes… Dans ces arguments prévaut un modèle du travail implicite : celui-ci veut que la réduction des temps improductifs bénéficie simultanément à la performance productive et économique et à la santé au travail. Il omet ce faisant que l’activité de travail est plus riche que la performance biomécanique des gestes.

 Voir le rapport : https://hal-enpc.archives-ouvertes.fr/hal-01880731/document

Thèses de doctorat dirigées

Alicia Albert : Santé au travail, l’heure des objets connectés? (depuis fin 2016)
Félix Traoré : Des tiers-lieux pour la grande entreprise? (depuis fin 2016, avec Génie des lieux)

Thèses récemment soutenues : Nicolas Klein, Les vendeurs face aux mutations de la vente. La construction d’un métier à la croisée des logiques organisationnelles et professionnelles (co-dir. Marie Benedetto-Meyer), 2017 (prix de thèse université Paris-Est). Thomas Jammet, Mettre le web social au service des marques. Une sociologie pragmatique du community management en France (co-dir. Sylvain Parasie), 2016.

Publications

Les commentaires sont clos.